La forêt morvandelle

Résumé de l'article L'avifaune nicheuse de la succession écologique du sapin de Douglas en Morvan
En Morvan, une des régions de France les plus enrésinées en Douglas, les oiseaux colonisent les plantations dès la coupe de préparation.
Leur peuplement se transforme ensuite progressivement, au cours de la révolution, selon une succession écologique qui rappelle dans ses grandes lignes celles observées dans d'autres peuplements équiennes (pins, hêtres…).

Schématiquement, cette succession écologique passe par trois grandes étapes:
- une phase pionnière (les 10 premières années), pendant laquelle la végétation spontanée se développe vigoureusement entre les jeunes plants de Douglas; des oiseaux des espaces ouverts et de végétation basse en sont les colonisateurs: Pipits, Tarier pâtre, Bruant jaune, puis Accenteur mouchet, Bouvreuil, Fauvettes…
- suit une phase intermédiaire, marquée par la dominance très forte des Douglas sur toute autre végétation et la disparition des espèces pionnières.
À ce stade, qui dure plusieurs dizaines d'années, le peuplement d'oiseaux, pauvre en espèces et en individus, se compose surtout d'espèces forestières généralistes (Grive musicienne, Rouge-gorge, …) ou spécialistes des conifères (Roitelets huppé et à triple bandeau, Mésanges noire et huppée).
- dans les peuplements âgés (rares), l'avifaune s'enrichit à nouveau, du fait que les Douglas ont alors un grand développement et qu'ils autorisent le retour d'une certaine végétation herbacée et buissonnante.

La pauvreté ornithologique des stades intermédiaires (qui s'observe aussi dans diverses futaies régulières) semble imputable beaucoup plus au mode de traitement (peuplements équiennes serrés) qu'à l'essence Douglas. Le phénomène est cependant plus marqué avec le Douglas du fait de sa dominance très forte sur la végétation adventice. On observe d'ailleurs que, dans ces peuplements denses et d'âge intermédiaire, le moindre effet de lisière (en bordure ou dans les trouées) s'accompagne d'un enrichissement de l'avifaune. Ce constat permet de prévoir un meilleur accueil des oiseaux dans les boisements de Douglas au cas où ceux-ci pourraient être exploités en moindre densité ou en mélange (d'âges ou d'essences).

Auteurs : MARION Pierre, FROCHOT Bernard
(1) Université de Bourgogne / CNRS UMR 5561; Laboratoire d'Écologie Évolution; 6, Boulevard Gabriel, 21000 Dijon, FRANCE
Revue d'écologie (Rev. écol.), 2001, vol. 56, no1, pp. 53-79 (2 p.)
Editeur : Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, Paris, FRANCE (1980) (Revue)